Sir Alex Ferguson et la gestion des objectifs
En tant que fan de sport et admirateur de ceux qui ont façonné les plus grands clubs de l’histoire, je suis toujours curieux de trouver des parallèles entre le management sportif et celui en entreprise. Mais ces comparaisons doivent être faites avec prudence, surtout lorsqu’il s’agit de Sir Alex Ferguson, le légendaire manager de Manchester United.
Sir Alex est souvent cité pour ses succès sportifs extraordinaires et pour ses méthodes de management qui l’on conduit à intervenir dans les plus grandes universités aboutissant sur la rédaction du livre Leading qui retrace son parcours sous l’angle du leadership. En revanche son approche des objectifs tranche avec ce que l’on pourrait attendre d’un leader axé sur la performance à l’heure du tout data. Comme il le dit lui-même :
“Avec Cristiano Ronaldo ou Dimitar Berbatov, je n’exigeais pas qu’ils marquent au moins 25 buts par saison, ni de Paul Scholes qu’il réussisse 80% de passes décisives.”
Son scepticisme vis-à-vis des statistiques et du management par objectifs est pourtant contrebalancé par une réflexion fine et une méthodologie profondément humaine, que je trouve particulièrement inspirante pour les dirigeants.
Définir la réussite pour atteindre l'excellence
Dans son livre Leading, Sir A .Ferguson partage une leçon essentielle : il est crucial de définir la réussite de manière stratégique pour mobiliser une équipe et atteindre l’excellence.
“Un point clé pour développer l’excellence d’une structure réside dans l’attention que vous portez à la manière de définir la réussite.”
Contrairement à une approche centrée sur des objectifs à court terme ou des déclarations ambitieuses, il préférait poser des bases solides :
“À Manchester United, nous comptons remporter chaque match.”
Ce message, simple mais puissant, fixait un niveau d’excellence sans imposer une pression inutile. Si l’équipe perdait un match, elle pouvait se recentrer rapidement sur le suivant sans être accablée par des attentes irréalistes. Cette philosophie cultivait une constance qui, au final, faisait la différence en fin de saison.
La stratégie de la précision progressive
Sir Alex maîtrisait également l’art d’ajuster ses objectifs en fonction du contexte. Il savait qu’un objectif trop ambitieux dès le départ pouvait paralyser une équipe.
“Quand on amène une équipe d’alpinistes au pied de l’Everest, personne ne désigne le sommet en disant : ‘Allez les gars, grimpez là-haut.’”
Plutôt que d’imposer une trajectoire rigide, il adoptait une approche évolutive :
“Je me montrais plus précis en novembre, quand la saison prenait forme et que l’identité de nos adversaires se précisait.”
Cette méthode permettait de s’adapter à la réalité du terrain, d’identifier les défis à venir, et de maintenir la motivation sans surcharger l’équipe.
Pour les leaders, cela illustre une grande leçon : il est souvent plus efficace de construire des objectifs par étapes, en tenant compte de l’évolution des circonstances. Cela permet de mobiliser les équipes tout en minimisant les risques de découragement ou de surconfiance.
Repenser ses objectifs pour surmonter l’adversité
Il était également un maître dans l’art de recentrer ses équipes face aux défis. Lors d’un match en 2001 contre Tottenham, Manchester United était mené 3-0 à la mi-temps. Dans une telle situation, il aurait été inutile de demander l’impossible. À la place, il a simplifié l’objectif :
“Marquez le prochain but et voyons où cela nous mène.”
Ce message clair a permis à l’équipe de se concentrer sur une action concrète. Résultat ? Une remontée historique pour finalement l’emporter 5-3.
Cette approche est une leçon pour les entreprises : ajuster les objectifs en fonction des circonstances, même en pleine crise, peut maintenir la motivation et recentrer les efforts collectifs.
Le parallèle avec les OKRs : l’importance des check-ins
Ferguson utilisait les mi-temps comme des opportunités stratégiques pour rassembler ses joueurs, réévaluer la situation, et ajuster leurs priorités. Ce moment de pause obligatoire est une analogie parfaite pour les check-ins des OKRs.
En entreprise, un check-in régulier de 15 minutes pour évaluer l’avancement d’un Key Result peut avoir un impact similaire :
Remettre les objectifs en perspective.
Identifier rapidement les obstacles.
Maintenir la cohésion et la concentration.
Comme dans un vestiaire, ces moments ne sont pas faits pour s’attarder sur les détails, mais pour créer un alignement rapide avant de retourner sur le terrain.
Conclusion : Inspirons-nous de la simplicité stratégique
L’approche de Sir Alex Ferguson nous rappelle que la gestion des objectifs ne se limite pas à des chiffres ou des attentes rigides. C’est un équilibre subtil entre vision à long terme, précision progressive, et ajustements réguliers.
Que ce soit sur un terrain de football ou dans une salle de réunion, cette méthodologie nous invite à réfléchir autrement à la manière dont nous définissons et gérons nos objectifs.